Depuis quand la photographie s’est-elle imposée à moi ? Elle existe presque de façon autonome en moi, loin de toute volonté documentaire sans but ni projet, par nécessité.
Mes photos sont un lien entre le monde extérieur et le monde intérieur, une peau sensible, un bord. Elles sont une autre réalité.
À la façon des marées elles ont leurs cycles, tantôt sombres, tantôt légères, parfois mélancoliques ou étrangement sereines. Elles ont la souplesse de l’intuition, avec une densité quelquefois déroutante, et sont le fruit de deux forces : un fragment du réel qui m’entoure conjugué à l’agitation d’un trouble intérieur.
Le chemin que j’emprunte est invisible. Je flâne à la limite des choses en quête de simplicité, dans un étirement de l’inattendu. L’absence d’horizon dans mes photographies invite le regardant dans un univers clos sur lui-même, tandis que le hors-champ ouvre la voie à une grande variété d’interprétations et de variations.
Un geste énigmatique, un grain de peau, un coin, les aspérités d’un mur, presque rien… dans l’instant-éclair d’un regard je caresse le silence.
How long ago did photography come to me? It exists within me almost autonomously, far from any documented drive without any goal nor project, out of necessity. My photos are a link between the outside world and the world within, a sensitive skin, an edge. They are another reality.
Just like the tides, they have their own cycles, sometimes dark, sometimes light, sometimes melancholic or strangely serene. They have the flexibility of intuition, with a sometimes disconcerting density, and are the fruit of two forces: a fragment of the reality that surrounds me combined with the agitation of an inner turmoil.
The path I follow is invisible. I wander at the edge of things in search of simplicity, a stretching of the unexpected. The absence of a horizon in my photographs invites the viewer into a universe enclosed onto themself, while the off-camera opens the way to a great variety of interpretations and variations.
An enigmatic gesture, a skin texture, a corner, the roughness of a wall, almost nothing, presque rien… in the flash of a glance I caress the silence.